Hubert et la visite chez le psychothérapeute
Chapitre 3 – 2ème partie : la rencontre du psychothérapeute
Et voilà, que Môsieur Lelouche continue : date de permis, de mariage, naissance des enfants, études ?
Il est de la police celui là ou quoi ? D’une indiscrétion totale. Jamais personne ne s’est permis, ne s’est osé à me poser tant de questions personnelles à moi, Hubert, Directeur de la « Société Je sais tout » !
Je crois que je vais me lever discrètement, prétexter un rendez vous d’affaires dont je viens de me souvenir, pour m’en aller au plus vite.
Ah bon c’est pour mon bien, que vous posez toutes ces questions, pour me permettre de guérir mon mal de dos. Je ne vois toujours pas en quoi cela va soulager mon mal de dos ! Puisque le sujet est ouvert : Pouvons nous sérieusement et dès à présent nous occuper de mon mal de dos ?
C’est ce que nous faisons ?! Je n’avais pas vraiment remarqué, le soulagement n’étant pas ressenti. Bien, il ne me lâchera pas si je ne lui donne pas un ou deux trucs. Il est coriace celui là.
Il y a une date dont laquelle je suis sûr, c’est la date de mon mariage, parce que j’ai mon alliance. Vous savez, nous les hommes et les dates, ce n’est pas important pour nous, pour eux. Bien sûr, je serais affreusement vexé que ma femme oublie mon anniversaire. Sûr que pour elle qui s’occupe de tout, ce n’est pas important. D’ailleurs, chaque année je lui dit : chérie va t’acheter ce qui te fait plaisir. Là, je ne comprends pas, elle ne semble pas satisfaite, elle me parle de surprise, d’un cadeau que je lui choisis. Oui, mais si c’est moi qui lui choisis, j’ai essayé il y a 25 ans, c’était la catastrophe !
Alors, revenons à notre date de mariage. Mon alliance nous donnera le renseignement exact. Vous savez, je ne la retire que dans certaines occasions, vous savez des trucs où ça ne fait pas très bien d’être marié. Vous voyez ce que je veux dire, entre hommes ? Bien entendu il me faut la remettre avant de rentrer, ma femme croirait que je l’ai perdue. C’était au mois de juillet, mais l’année et le jour, j’ai un peu de mal à me souvenir de la date exacte. Voilà, vous arrivez à lire ?
Alors cela peut vous être utile ? Vous trouvez la solution de mon mal de dos ?
Le parcours utérin
Vous me conseillez de retravailler mon parcours utérin. Vous pouvez préciser ? c’est-à-dire ? Vous savez, j’ai 48 ans, ma femme et moi nous ne souhaitons plus d’enfant. J’ai bien assez de travail comme cela.
J’ai eu peur un moment, ce n’est pas d’un autre enfant dont vous me parlez, c’est de ce qui s’est passé pendant que j’étais dans le ventre de maman.
Ok mais ça fait longtemps que j’en suis sorti, et là, eh ben là, justement je n’avais pas mal au dos. Enfin je suppose, puisque cela fait 2 ans seulement que j’ai mal. Vous êtes bien sûr que c’est là qu’il faut aller ? Et d’ailleurs comment on fait pour y aller ? Aller où finalement ? Je vous rappelle que je suis chef d’entreprise, pas sage femme. Je travaille dans du concret, dans la réalité, il faut faire face, plusieurs employés, la conjoncture, le marché, les banques, les charges.
Demandez-moi comment il faut faire pour échelonner un règlement URSSAF mais le ventre de ma mère ! Tout de même ! Soyons sérieux, vous avez beaucoup de sens de l’humour vous savez. En tout cas, vous m’avez surpris, et aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de choses qui me surprennent.
Vous étiez sérieux ? Désolé. Vous me parlez depuis plus d’une heure de choses bizarres, des questions qui n’on rien à voir avec mon dos. Comment pouvais-je le savoir ? Je m’attendais à « vous avez peut être porté un truc lourd ? » et non pas à ce que j’ai pu vivre dans le ventre de maman. Vous êtes sûr que cela peut me guérir ?
Ah vous n’en savez rien. Vous étudiez toutes les possibilités. Vous savez j’ai vu les bronzés font du ski, ce moment où le médecin lui remet le genou et demande à une autre personne de lui administrer une baffe. Tout ça pour qu’elle ne ressente pas la douleur du genou. N’êtes vous pas entrain d’appliquer cette technique en « noyant » le poisson ?
Non, cela n’a rien à voir, pourtant avec le mal de crâne que j’ai, je trouvais des similitudes.
Le corps nous parle
A quel niveau j’ai mal ? Enfin ! On attaque le vif du sujet, après tout ce temps, on en vient aux faits !
Lombaires. C’est au niveau des lombaires que j’ai mal. Ca y est, après avoir voyagé dans les limbes du temps, nous y sommes : mes lombaires vont être soulagés. S’il est capable de me parler du ventre de ma mère, il doit bien être capable de parler à mes lombaires.
Donc d’après vous, c’est un message. Oui, je vois. Je jette un coup d’œil discret, voir si il n’y a pas de caméra cachée. N’oublions pas qu’il m’est chaudement recommandé, qu’il connaît les amies de ma femme. Courtois et poli en toute circonstances, je garde le contrôle. Encore un petit quart d’heure à tenir… ouf.
Donc cette douleur viendrait me dire que mon corps veut me parler. Oui oui. Qu’elle veut me dire qu’il est temps de faire quelque chose en conscience, de libérer une partie des souffrances pour comprendre pourquoi. Ouh là !
Pas exactement ? Quelle lombaire est touchée ? Oui bien sûr je sais que l’on en a plusieurs. Chaque lombaire exprime autre chose.
J’ai ramené les radios, vous allez sûrement le voir. Comment cela Non puisque le médecin dit qu’il n’y a rien ?! Oui, sur ce coup là je vous suis, mais peut être est-il incompétent dans la lecture du document ? C’est compliqué tout cela vous savez. Peut être que vous, vous pourrez détecter, un nerf coincé, une hernie ou que sais je ? un truc cohérent quoi ?
Non, vous n’êtes ni médecin, ni radiologue. Vous êtes sûr que c’est un excellent médecin et que s’il n’a rien trouvé, vous ne trouverez rien non plus. Le plus simple est que je vous montre. Vous voyez c’est là. Ce point très précis qui m’empêche de dormir, de m’asseoir par moment, de me déplacer comme un jeune lion. Et me fait me sentir vieux. S’il vous plait, ne me rajoutez pas qu’avec l’âge c’est normal. Je ne suis pas vieux !
Non, ce n’est pas votre avis justement, tout est une question de point de vue. Vous êtes vraiment mystérieux.
L’esquive
Il est temps d’en rester là, ah oui, le prochain client attend. Je ramène mon mal de dos à la maison ? Vous êtes sûr que nous sommes obligés de nous revoir ? Vous ne pensez pas que je suis guéri ? Finalement, je me sens déjà un peu mieux. Ah il vaudrait mieux vérifier.
Je n’ai pas mon agenda sur moi, je peux vous rappeler. Eh hop, l’esquive, bien sûr que je l’ai mon agenda, je ne vais tout de même pas sortir sans mon IPHONE. Mais celui-là, il n’a pas l’air au courant de la technologie de la vie courante. Eh eh, un rendez vous d’esquivé. Vous savez les hommes, c’est très occupé. Il y a même des jours où je n’ai pas le temps d’aller chercher la baguette chez le boulanger comme ma femme me le demande, Alors imaginez un autre rdv !
Bien sûr je vous rappelle, il faudrait que l’on se voit d’ici quinze jour. Merci, au revoir.
Après ça, repos bien mérité, je rentre à la maison. Il est temps de reposer mon dos et ma tête.
A la semaine prochaine, pour la suite de Hubert à la poursuite de la guérison.